Focus

Focus #1 - BRAINROT

Focus #2 - As Above, So Below

Focus #3 - Is This What You Were Born For?

Rarement projetés tous ensemble dans une seule séance, les sept volets de Is This What You Were Born For? (1981-1989) d’Abigail Child, cinéaste et poète expérimentale new-yorkaise pionnière, féministe et queer, se déploient comme une enquête polyphonique et hachurée sur les manières dont la vie contemporaine s’inscrit dans le corps, surtout féminin : comment la posture, le mouvement et même le désir sont chorégraphiés par l’influence omniprésente des médias et des machines. Les films placent les corps dans des paysages changeants – publics et privés, intimes et industriels – où ils deviennent tour à tour orateurices, travailleur.e.s et amant.e.s, mais toujours sous pression, toujours en péril. Ce péril (jeopardy en anglais, mot que Child utilise souvent dans la description de ses travaux) ne provient pas d’une seule source mais du jeu incessant entre conventions sociales, dispositifs technologiques et fictions culturelles si profondément ancrées qu’elles se présentent comme naturelles.

S’appuyant sur une pratique du montage qui prolonge les méthodes du cut-up de William Burroughs, Child compose ses films à partir de fragments — images trouvées, performances mises en scène, films amateurs, scènes industrielles — juxtaposés et déplacés à la fois dans le son et l’image. Les coupes surgissent comme des rencontres inattendues : les images et les sons se heurtent, de manière souvent chaotique, dissonante. Ces disjonctions refusent la continuité fluide du cinéma conventionnel, la remplaçant par un réseau de contradictions, de croisements et de chevauchements. Les spectateurices sont tiraillé.e.s entre attention et désorientation, obligé.e.s de tracer leurs propres parcours. Le montage de Child insiste par ailleurs sur la visibilité de la construction : elle montre les coutures et refuse la clôture trop facile du sens. 

Il en résulte une œuvre qui danse sur la ligne de faille entre « la volonté humaine de persister » et la machinerie culturelle qui chercherait à la chorégraphier – une œuvre qui demande si ce pour quoi nous sommes « né.e.s » n’a pas déjà été écrit pour nous.

 

Focus #4 - « Fog makes revolt possible »

Entre détournement et hacking biométrique, les films de cette séance brouillent les pistes de la surveillance individuelle en tentant de faire des visages - ou de leur absence - nos armes.

 

C’est dans le silence d’une inspection clinique des banlieues contemporaines à celle de l’observation des cycles menstruels à travers le téléphone, que se dessine un nouveau genre de film horrifique ou le contrôle est total. 

 

Ils témoignent aussi de cette normalisation stagnante de la surveillance collective, un piège étatique qui alimente une peur protéiforme et sans visage de « l’autre ». 

 

En Selfie le corps est aussi sondé, mais la filature peut s’inverser ! Si « No one is safe in a police state » essayons encore d’infiltrer ces technologies pour déjouer les regards qui nous quadrillent.

 

Focus #5 - Hacking the past and the present

Le cinquième programme Focus célèbre les hackers, artivistes, rebelles et innovateurs dans le domaine de la vidéo et des nouveaux médias. Il réunit des œuvres historiques qui engagent de façon créative et critique les technologies médiatiques, révélant leurs dimensions souvent cachées, tant matérielles qu’idéologiques.

Des expérimentations pionnières avec le signal vidéo analogique (Woody Vasulka, Dan Sandin), des subversions de la diffusion télévisuelle en direct (Richard Serra), des mises en œuvre artivistes des premiers graphismes informatiques (Dana Plepys, Barbara Hammer), des explorations du jeu vidéo comme outil politique et social (Gun Holmström) jusqu’à des commentaires ludiques sur la censure d’internet réalisés en code primitif (Clint Enns) – ces œuvres se rebellent contre l’usage standardisé de la technologie, elles l’ouvrent, la dissèquent, rendent visible son fonctionnement interne et nous invitent à faire de même.

Elles appartiennent à ce que la critique de cinéma Nicole Brenez décrit comme une vaste contre-histoire de la désobéissance technique – une histoire d’avant-gardistes dissidents ayant refusé de se plier aux règles de l’industrie.

Mais ! Pour citer un célèbre militant du logiciel libre, Richard Stallman, il ne faut pas oublier l’esprit de malice joyeuse qui définit l’activité du hacking. Ainsi, après la projection, l’artiste lyonnais Ralt144MI nous plongera dans les entrailles du logiciel lors de sa performance audiovisuelle énergique, où la magie joyeuse des algorithmes sera libérée et partagée librement avec le public. Amusez-vous bien et profitez-en !

 

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